Civilisation perse versus Islam
Les vicissitudes que connaît notre pays auront eu un avantage, celui d'apprendre à une foule de gens qui l'ignoraient l'existence du chiisme. Lorsque notre ayatollah parle de l'Islam universel, quand il dit : « l'Iran n'existe pas, il n'y a que l'Islam ; je passe la frontière et je le retrouve encore » […]. Et cependant les Irakiens lui répondent : « Nous sommes des Arabes et vous êtes des Iraniens, retournez chez vous », propos que nous pouvons leur retourner avec autant d'exactitude.
Avant la guerre sainte prêchée par le Prophète Mahomet, il y avait déjà la Perse, elle était même fort ancienne.
Lorsque l'imam a envoyé des bulldozers pour raser les ruines de Persépolis, des foules sont allées l'en empêcher, des manifestations monstres se sont organisées. Cet épisode prouve que le peuple réagit avec ses instincts profonds et qu'il est capable de défendre sa culture ancienne.
L'Islam s'est superposé à des croyances, à des traditions qui existaient avant lui, qu'il n'a su balayer, pas plus que le christianisme n'a fait table rase du paganisme antique. J'en donnerai deux exemples.
[…] les gens ont gardé leurs croyances zoroastriennes en les juxtaposant à la religion nouvelle. Autrefois, les lois islamiques n'étaient appliquées que dans la mesure où elles s'accordaient avec les habitudes, les mœurs et les traditions de la tribu. L'opposition demeure entre l'Islam et la vieille culture nationale iranienne.
L'autre exemple, c'est celui des mollahs d'origine iranienne, des philosophes et des penseurs qui ont dit ce qu'un musulman sincère ne peut considérer que comme une hérésie ou un blasphème : « Nous avons pris du Coran ce qui est essence et substance et nous avons rejeté le reste pour les voyous. » [citation de Djalal-ed- Din Roumi.] Ils ont extrait le noyau et rejeté l'écorce, gardé ce qui leur convenait. Ce choix a conduit les penseurs iraniens vers le soufisme.[…]